Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/111

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LX.

Mon cœur est agité de ma vague pensée,
Comme un folle jouer des poudreux tourbillons,
Ou ainsi qu’une nef sur les marins seillons,
par les flots courroucez en cent lieux repousée.

Mon ame ores gemit sous les craintes pressée,
Comme un chef terracé par les fiers bataillons,
Ores benit les nœuds des dorés crespillons,
Qui tiennent doucement ma franchise enlassée.

Favorable à mes vœux ce Soleil tantost luit,
Ores mes yeux couverts d’une effroyable nuit,
N’ont pour object qu’horreur, que dueil et qu’infortune

O Ciel ! et de mes vœux je charge tes autels,
Mais je ne puis calmer ses orages mortels,
Si mon Ourse ne luit sur l’amoureux Neptune.

LXI.

Mon ame que te sert d’importuner les Dieux,
Reclamer ceste belle et farouche inhumaine,
Jetter la plainte au dueil, et joindre aux flots de Seine
Les larmes que le dueil fait couler de mes yeux ?

Un hiver a chassé mon printemps gracieux,
Et du molet Zephir la douce et fresche aleine