Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/114

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Dessolent (comme un esclair qui en luisant s’enfuit)
Me quitter au reveil de ses paupieres closes.

Mais Amour ennemy de mon contentement
Precipita le point de son esloignement,
Et je ne la vis pas ceste belle ennemie.

Las ! quel devins-je alors, vous le sçavez, ô Cieux,
Mais peux-je sans mourir m’eslongner de ses yeux
Tu fus injuste, Amour, de ne m’oster la vie.

LXV.

Cleande il est donc vrai que le jour de tes yeux
Se soit comme un esclair esclispsé de ma veue,
Et le regret d’avoir sa lumiere perdue,
Ne me rend pas aveugle à la clarté des cieux.

Langueur qui me rendois doucement soucieux,
Quand je vivois au tour de mon aurore efleue :
Ta debile rigueur trop lentement me tue,
Redouble tes affauts tristement furieux.

Je veux lancer ma plainte aux lointaines montagnes,
Et d’un cri eternel essourder les campagnes,
Et changer mes souspirs en venteux tourbillons.

Bref je veux de mes yeux faire une mer de larmes,
Et si la mort me fuit dans ses pleureux seillons,
Pour ouvrir mon tombeau je forgeray des armes,