Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/329

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Mais qui ne cederoit au violent esmoy
Qui me ronge le cœur loin de ta chere veue ?
Viens donc puis que la nuit de ton beau jour me tue,
Viens puis qu’un seul moment coulé loin de tes yeux
M’est vn siecle d’ennuis tristement soucieux :
Mais tarissons ces pleurs qui mouillent mes paroles,
Allons voir ces beautés mes plus cheres idoles,
Qui sur le bord herbeux d’un argenté ruisseau
Au doux air de leur voix font paistre leur troupeau.
Possible le destin, de mon desir complice,
Me les fera revoir : Amour, sois moy propice.


Scène 3

Cléande, Silvandre, Satire.
Cléande

Douce et chere langueur qui loin de mon soleil
Chasses et nuit et jour de mes yeux le sommeil,
Donne tresve a mon mal, et toy belle escumiere
Qui rends dessous ta loy mon ame prisoniere
Assoupis mes ennuis, et calme ma douleur,
Pendant que mon troupeau soubs l’ombreuse frescheur
De ce bord verdoyant broutera l’herbe tendre.

Silvandre

Mes yeux (ainçois ruisseaux) cessez enfin d’espandre