Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/347

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Cest idole d’Amour dont ton ame est charmee,
En fait un puissant Dieu, dont la puissance armeee
D’inevitablec traits, force mestme les Dieux
De rendre le tribut au joug victorieux
De sa loy inhumaine, ainçois imaginaire,
Cest Amour, dis-je, est moins qu’une vaire chimere :
Que s’il nous va blessant, c’est nostre fol penser
Qui luy forge à tout point des traits pour nous blesser,
Ses feux sont nos desirs dont il tient sa puissance,
Et son aveuglement nostre sotte ignorance.

Silvie

Las ! sitost que je vis ce bel astre jumeau,
Esclairer à mes yeux tout ainsi qu’un.flambeau,
Je sentis sa beauté avecque tant de charmes,
Avecque tant d’attraits, et de si douces armes,
Ravir ma liberté, qu’il ne fut plus à moy
De retirer mon cœur du cher joug de sa loy ;
Je l’aimay, et depuis ceste amoureuse enuie
A fidelle tousjours accompagné ma vie.
Mais jà le Soleil luit au point de l’occident,
Sortons de ces forests, et allons cependant
Que le jour nous esclaire, en ces fueilleux ombrages,
C’est trop longtemps tardé en ces lointains rivages ;
Allons.

Philis

Allons.Hélas ! ô Dieux !