Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/360

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Silvie

De tant de soins divers je me vais saccagee,
Depuis qu’Amour cruel m’osta la liberté,
Qu’il feroit mieux pour moy n’avoir jamais esté,
Que de languir au joug d’Amour, à qui mes larmes,
Au lieu de l’adoucir ont fait prendre les armes,
Pour redoubler mes maux ; mais ne cognois-tu pas
Le Berger qui surprit mon ame à ses appas ?

Cléande

Non.

Silvie

Non.Tu ne cognois point celuy qui peut tout prendre
Par le trait de ses yeux, ce Soleil, ce Silvandre,
Le Roy de tous les cœurs sensibles à l’Amour ?
Ha ! Cleande, si fais, tu le cognois.

Cléande

Ha ! Cleande, si fais, tu le cognois.Un jour
J’en ouys discourir une Nimphe gentile,
Qui laissa le sejour de sa natale ville,
Pour plier dans nos bois le joyeux renouveau ;
Elle le depeignoit jeune, courtois et beau,
Et de qui les regards estoient de douces fleches,
Qui faisoient dans les cœurs mille amoureuses breches.