Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II.

Ainsi qu’une fontaine à dos rompu je roule
Parmy les fleurs d’un pré, honneur du renouveau,
Sans pousser contre-mont le cristal de son eau,
Ansi mon doux printemps dans ressource s’escoule.

A tour moment le pied du vieux Saturne foule
La fleur qui va marquant mon age encor plus beau,
Son lustre est là terni, j’approche du tombeau,
Car mes jours comme flots se suivent foule à foule :

L’inseparable mort qui talonne mes pas,
A toute heure, à tout point avance mon trespas,
Mais d’autant plus mon ame est de vous esloignee,

Mon Dieu, et toutes fois avecque vostre Amour,
Par tant de maux divers aux hommes tesmoignée,
Du point de son couchant vous esloignez mon jour.

III.

Ores dessus le sol d’un pudique penser,
Je m’eslance vers vous, grand Dieu Roy de mon ame,
Et ores les rayons d’une mortelle flame
Alechant mes regards font ma pointe abaisser,

L’impudique desir forcé de me laiser,
Quand l’agreable trait de vostre Amour m’entame,
Au jour du moindre object my-estaint se r’enflame,
Et vient de nouveaux fers ma liberté presser.