Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/382

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XI.

Homme debile esclair qui te meurs en naissant,
Si tu vis rien qu’un songe, une ombre, une fumée,
Une vapeur estainte aussi tost qu’allumée,
Pourquoy vas-tu trezors sur trezor entassant ?

Or le joug d’un plaisir, ta volonté pressant,
D’un impudique feu rend ton ame enflamée,
Ores l’ambition dans ton ame allumée,
Va d’un trait emmielé ton esprit traversant.

Tu fuis l’ombre d’un bien, dont la vaine apparance
Ou après maints travaux deçoir ton esperance,
Ou acquise s’envole, ainsi qu’un songe vain.

Homme, hé ! tu ne sçais pas que la fin de ta course
Et le but de ton cœur, est le ciel vive source
Des biens et des plaisirs dont le fruit est certain.

XII.

Va donc, mon ame, va, mets tes aisles au vent,
Et dresse vers le ciel ta pudique volée,
Destruits ce nom orgueil, dont l’audace ampoulée
Te retient soubs l’apas d’un charme decevant

Mon ame penses-tu que superbe estrivant
Aux lois d’humilité soubs tes pieds refoulée,
Tu puisses au mespris de la voute estoilée
Triompher de la mort qui te va poursuivant ?