Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/394

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Qui avez triomphé de mes chastes désirs,
Cherchez d’autre sejour, car vos plus doux delices
Ne me font maintenant que de mortels supplices,
Vostre miel vit absinthe, et bref vos jours des nuits
Pleines d’effroy, d’horreur et de mortels ennuis.


DISCOURS


Si tost qu’on voit reluire emmy l’obscurite
Les rays estincelans d’un bel astre argenté,
Que des menus flambeaux les debiles lumieres
Avec l’ombreuse nuict commencent leurs carrieres,
Le somme aux pieds plumeux, le silence et l’horreur,
L’effroy au paste teint et le songe trompeur
Suivent d’un triste vol ceste noire Deesse :
Ainsi, las ! sur le point que mon Soleil me laisse
Que son œil plein d’amour me cache sa clarté,
Mon ame vagabonde emmy l’obscurité,
Sert d’un triste jouet aux mortelles atteintes
De ses fiers ennemis : lors mille et mille craintes
Qui naissent du regret d’avoirr faucé la foy
A ce grand Dieu d’Amour, mon Seigneur et mon Roy,
Devorent mon repos ; lors l’ennemy vainqueur
Ouvre à mille pechés la porte de mon cœur,
Ainsi qu’un capitaine apres maintes batailles,
Maints alarmeux assaut, fait bresche à la muraille,
Entre victorieux, et fait que les soudars
Fil à fil eschelans, s’emparent des remparts.
Puis se rendent enfin les maistres de la ville.