Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/397

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A sa chaste retraicte ait voulu consentir,
Au feu de vostre amour plus froid cent fois que l’onde !
J’ay veu le doux Coton, cher oracle du Ciel,
Dont la bouche versoit des parolles de miel,
Trainer le peuple à vous, vous, grand Dieu des merveilles ;
Et toutes fois mon cœur au monde ensorcelé,
Lorsque plus doucement vous l’avez appellé,
Pour vous ouyr, mon Dieu, a estez sans oreilles.
J’ay veu ceux que les traicts d’une juste douleur
Ont sainctment poussez loing du monde trompeur,
Avec mille souspirs eslancer leurs prieres,
Qui comme traicts de feu r’enflamoient vostre amour
Et mon ame obstinée en sa perte tousjours
Ingrate a preferé les nuits à vos lumieres.
Mon jour à son midy peu à peu s’approchant,
Enfumé de peché semble un ombreux couchant,
Quand les feux de la nuit commencent à reluire :
Je le voy, te le sçay, et sans craindre l’esclat
De voz foudres ireux tousjours je forge ingrat
Des traicts pour vous blesser, ainçois pour me destruire.


STANCES


Flambeau dont la clarté se resour en fumez,
Vapeur en l’air estainte aussi tost qu’alumee,
Fresle ampoule de vent qui t’efeues sur l’eau,
Prompt esclair qui te meurs au point de ta naissance ;
Homme, Hercule en desirs et Pigmee en puissance,
He ! quand descendras-tu vivant dans le tombeau ?