Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/88

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Que te benis ma perte et mon heureuse prise,
Vos beautez, et Amour de moy victorieux.

Vostre œil estoit garni de trop de violance
Pour emousser les traits de sa douce puisance,
Et j’estois trop sensible à sa chere beauté.

Pour ne me brusler point aux rayons de sa flamme,
Ou bien il m’eust fallu un rocher pour une ame,
Ou que le ciel m’eust fuit aveugle à la clarté,

XXVI.

Cleande qui fais naistre et mourir ma langueur,
Pourquoy desdaignes-tu mon offrande premiere ?
Beaux yeux mes chers soleils pourquoy vostre lumiere
Est si douce à mes yeux et si aigre à mon cœur ?

Vos plus benins regards sont esclairs de rigueur,
Qui menacent mon ame en vos fers prisonniere,
Vostre homicide voix trop superbement fiere,
Un foudre qui me tue et nourrit ma douleur.

Belle et fiere Cleande et soleils homicides,
Par vous mes tristes yeux font deux fources liquides,
Et mon ame fouspire au joug de vostre loy.

Trop farouche ennemie, au moins d’un œil propice
Voy mon ume aux douleurs et mon cœur au supplice,
Mon trespas sera beau si je meurs pres de toy.