Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/91

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XXX.

Langue au besoin muette et avare parolle,
Au dueil qui me consomme au jour de mon flambeau
Dont la douce clarté d’un rayon clair et beau
Fait naisre dans mon ame un desir qui m’affole.

Lorsque mes yeux ternis avoient ma belle idole
Pour agreable object à leur regard jumeau,
Pourquoy par le doux traict d’un langage nouveau,
Ne frappois-tu cest astre à qui seul je m’immole ?

Las ! tu fus enchaisnée et pour te demesler
Ou bien il m’eust fallu plus lentement brusler,
Ou qu’Amour eust calmé son extreme secousse.

Ainsi mille souspirs exhalez de mon cœur,
Firent que de mes yeux la pluye aigrement douce,
Par son propos humide exprima ma langueur.

XXXI.

Despuis que ce bel œil ravit ma liberté,
J’ay eu et nuit et jour mes yeux baignez de larmes,
Et mon cœur aux souspirs et mon ame ès alarmes ;
Toutefois je me plais en ma captivité.

Sur le pudique autel de ma fidelité
J’ay immolé mon ame au pouvoir de ses charmes,