Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/93

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XXXIII.

Bel yuoire arrondy seul throsne de mon Roy,
D’où il lasche les traicts qui blessent mon enuie,
Helas vous emporter le plus beau de ma vie,
Et en vous esloignant vous m’esloignez de moy.

Quand premier je vous vi par vue douce loy,
J’eus aux liens d’amour ma franchise asservie,
Ores que vostre aspect et mon ame est ravie,
Las ! j’ay mes yeux en pleurs et mon cœur en esmoy.

Nul autre object que vous ne peut plaire à ma veue,
Je vis ci vostre jour et vostre nuict me tue,
Si que de vous despend ma vie et mon cercueil.

Car loin de vous mes maux ont sur moy la victoire,
Ne pouvant sans amour garder vostre memoire,
Ny l’amour sans regret, ny le regret sans dueil.

XXXIV.

Amour, quand je la vis ceste belle adversaire,
Nouant les doux chaisnons de ma captivité,
Ne viens plus (dis-je alors) fascheuse liberté,
J’idolastre un soleil dont la beauté m’esclaire.

Ce bel œil alechant mon desir temeraire,
Retient mon ame au ciel de sa douce beaute,