Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/138

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la loi et de la nation. Un autre alla plus loin et prit le titre de Club des Amh de la Constitution monarchique^ ne séparant pas la cause royale de la -cause constitutionnelle, n’admettant celle-ci que subordonnée à celle-là.

Le Club dont nous allons retracer les vicissitudes incessantes parut et devint, dès ses débuts, le Club monarchique, aux yeux de la foule et du gouvernement nouveau, qui devinèrent les arrière pensées de ses membres, lui firent la guerre pendant quatre années. Le gouvernement toléra parfois une réunion qui portait défi aux hommes et aux actes de la Révolution ; mais le peuple la regarda comme une. redoutable machine de réaction vers le passé abhorré, et, instinctivement, ne voulut pas la laisser fonctionner.

Le Club monarchique fut un organe malheureux de ceux qui continuaient à placer le roi sur le premier rang, avant la nation et la loi. il convient, pour bien faire comprendre son but, de rappeler les circonstances qui amenèrent sa formation, ainsi que les polémiques antirévolutionnaires qui accompagnèrent ses premiers efforts. Aussitôt que la convocation des États généraux fut décidée, les classes privilégiées pressentirent quelques résultats dangereux pour leurs prérogatives ; de même Louis XVI redoutait une institution quL n’avait pas fonctionné depuis 1614, et dont la réapparition lançait le gouvernement royal dans l’inconnu

Les ecclésiastiques et les nobles cherchèrent à s’entendre pour échapper au naufrage auquel « la tempête révolutionnaire », fort menaçante, les exposerait peut-être. En mai juin 1789, les ecclésiastiques et les nobles, électeurs de Paris, tenaient des réunions incomplètes, plus ou moins clandestines, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, parfois chez le président Oudet (1), du district de Notre-Dame, un des délégués pour faire partie de la députation envoyée au roi par l’assemblée générale des électeurs. Tout d’abord, il ne s’éleva guère de discussions sur la question royale, sur les privilèges de la noblesse et du clergé. Les cahiers des États (février-avril 1789) s’en occupaient suffisamment ; d’ailleurs, les États généraux ne devaient s’assembler que le 5 mai, n’avaient pas encore parlé ni agi, et l’on ne pouvait que se livrer à des conjectures sur la conduite des députés des trois ordres. En mai 1789, écrit Alexandre de Lameth (2), des nobles et des par- [1]

  1. (1) Jean-Baptiste Oudet, ancien avocat, notable i’i la Ville. Électeur de 1789, demeurant Cloître de Notre-Dame, n" 23. (2) Histoire fie VAssemhIce constituante t. I. j». 3.’i.