Page:A la plus belle.djvu/194

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vit des arbres séculaires, des rochers couverts de mousse, des grèves désertes : partout la solitude et le silence. Comme il se demandait d’où pouvait venir cette lueur qu’il avait aperçue, une horloge invisible sonna les douze coups de minuit.

— Airam ! Airam ! s’écria le comte Otto en frappant du pied la terre.

Un vieillard à longue barbe blanche était devant lui. Et le comte Otto vit bien, à ce moment, parmi les grands arbres, des arcades brisées et ces hautes colonnes de granit rose qui entouraient le temple du Soleil dans la ville d’Hélion, quand Hélion était une ville vivante.

Le vieillard dit au comte Otto

— Je t’attendais, ma fosse est creusée là, sous l’If de Bel. Tue-moi, mon fils c’est mon dernier soupir qui dira mon secret…

Le vieillard entr’ouvrait sa robe de lin pour montrer la place de son cœur. Le comte Otto tira son glaive…

Ici messire Olivier se tut, parce que les portes de la salle s’ouvraient pour donner passage aux valets du Dayron qui apportaient des flambeaux. La lumière des flambeaux éclaira le cercle haletant et saisi. Hommes et femmes penchaient en avant leurs têtes attentives où la passion de savoir le disputait à l’horreur.

Nous devons avouer pourtant que Dame Josèphe de la Croix-Mauduit s’était endormie et rendait un ronflement de qualité seconde, la première qualité étant réservée au suzerain, pour peu qu’il daigne ronfler.

La belle figure impassible et fière de messire Olivier dominait le trouble de l’assemblée. Il promena autour de lui son regard souriant, et acheva la phrase commencée :

— Le comte Otto tira son glaive et le plongea dans le cœur du vieillard.

FIN