Page:Abadie - L’Angelus des sentes, 1901.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xiii

fierté des ancêtres. Leurs manières sont graves et rudes, mais leurs vertus héroïques m’étonnent. La montagne leur parle et le ciel les enseigne. Méditatifs ils semblent « pénétrés de la majesté des étoiles, et, libres toujours, ils portent la loi du devoir au fond de leur cœur ». Je les aime pour leur simplicité d’âme et leur foi résignée.

Je m’associe à leurs jeux tout parfumés d’antiquité.

Parfois je médite auprès d’eux ou j’écris. J’admire leur respect et leur joie quand je reviens parfois les bras ployés de fleurs et les yeux frissonnants de visions ensoleillées.

Cette vie libre d’aube et de solitude, jetant à mon âme lassée, comme une manne de recueillement, me console des vénales intrigues des hommes et de leur commune ingratitude.

Je m’étais assis, ce matin, près de la haie que l’aube satinait de dentelles blanches. Dans cette neige, les cenelles chantaient, comme des lèvres de corail, un