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Sous un dais de rayons et je ne pense à rien.
Je bois, comme un vin frais, l’amour aérien
Qui de chaque brin d’herbe émerveillé s’élève.
La candide forêt s’est parfumée de sève.
Elle épand des éclairs sous mes pas buissonniers
Et sa voix chante, avec la voix des chataîgniers,
L’éternelle douceur d’adorer et de vivre.
L’azur lave son front. Des tourterelles ivres
Se querellent de joie dans les lambrusques d’or.
Et le rameux sentier m’entr’ouvre un corridor
Que constellent les yeux des jacinthes qui jasent ;
Car toutes les clartés balbutient des extases
Et m’illuminent l’âme avec de tendres voix.
Des lys me tendent leurs calices et je bois,
Et m’attarde, enlacé de ramures aimantes,
Aux rires d’une églogue blonde dans les menthes…