Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/49

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reux qu’une seule fois, et moi toujours misérable, puisque c’est une chose qui ne se peut recouvrer pour se laisser perdre comme auparavant. Croyez-moi, aimons-nous comme un frère aime une sœur, et donnons à cet amour toutes les libertés qu’il pourra s’imaginer, à l’exception d’une seule. »

Agnès. — Et le jésuite ne répondait-il point à tout cela ?

Angélique. — Non ; pendant tout ce discours il ne dit rien ; mais, se soutenant la tête d’une main, dans une posture de mélancolique, Il regardait avec des yeux remplis de langueur celle qui lui parlait. Après quoi, lui prenant la main au travers de la grille, il lui dit d’un air touchant : « Il faut donc changer de méthode et n’aimer plus comme auparavant. Le pouvez-vous, Virginie ? Pour moi, Je ne puis rien retrancher de mon amour : les règles que vous venez de me prescrire ne peuvent être reçues d’un véritable amant. » Il lui exagéra ensuite avec tant de feu l’excès de son ardeur qu’il la déconcerta entièrement et tira d’elle une promesse de vive voix de lui accorder dans quelques jours ce qui seul devait le rendre parfaitement heureux. Il la fit, pour lors, approcher plus près de la grille, et, l’ayant fait monter sur un siège un peu élevé, il la conjura de lui permettre au moins de satisfaire sa vue, puisque toute autre liberté lui était défendue. Elle lui obéit après quelques résistance et lui donna le temps de voir et de manier les endroits consacrés à la chasteté et à la conti-