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DOUZE ANS DE SÉJOUR

tré chez moi, je reçus de sa part deux cents pains et quelques amphores d’hydromel, et en ma qualité d’habitant de la ville, je lui envoyai à mon tour un cadeau analogue. Les soldats de son escorte furent hébergés chez l’habitant ; mais comme Gondar relevait directement du Ras, on les répartit le lendemain dans des villages aux environs, relevant du Dedjadj Conefo, lié d’amitié, comme on sait, avec le Dedjadj Guoscho.

Je visitai journellement le malade. Chaque matin, on le soumettait à une ablution d’eau froide, consacrée préalablement par des prières, et, je crois aussi, par le contact des reliques de Saint Tekla-Haïmanote, le seul parmi les nombreux saints éthiopiens qui soit admis dans les diptyques de la liturgie éthiopienne imprimée à Rome. Cependant le miracle se faisait attendre, et après quatorze jours de ce traitement, le Lidj Dori se disposa à repartir. Ceux qui l’accompagnaient me pressèrent, au nom de son père, de me joindre à eux et je m’y décidai d’autant plus volontiers que les trafiquants ne parlaient de rien moins que de remettre à l’automne leur expédition en Innarya.

En faisant mes visites d’adieu à l’Itchagué et aux notables de ma connaissance, je leur recommandai mon domestique basque, Domingo, que je laissais à Gondar, pour servir mon frère, s’il arrivait avant mon retour, et aussi pour assurer mes communications avec Moussawa.

J’étais impatient de me mettre enfin en route ; mais je ressentais de la peine à quitter l’excellent Lik Atskou, qui s’était toujours montré si paternel pour moi. Il m’accompagna jusqu’au seuil de sa maison, demanda un siége, éloigna tout le monde et se mit à prier pour moi. Il me donna ensuite quelques conseils, qu’il inter-