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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

fleuve. Dans le choix qu’on fait ainsi, doit-on regarder comme raison déterminante l’étendue relativement plus grande du bassin d’un des affluents ? S’en tiendra-t-on à celui dont la source est la plus éloignée de l’embouchure maritime, en mesurant toujours dans le lit du courant ? Faudra-t-il au contraire ne considérer que le volume relatif des eaux, ou enfin ne se fixer que d’après la dénomination acceptée par les indigènes, et qui, dans les différentes parties du globe, semble avoir été motivée par des raisons opposées ? Mais je laisse ces questions, celles qui en découlent, et les théories qui les font naître, à ceux pour qui elles constituent un intérêt de premier ordre ; ce qui m’importait avant tout dans ma visite aux sources célèbres de l’Abbaïe, c’était l’étude des populations qu’il fallait traverser pour les atteindre.

En découlant de la haute vallée qui le voit naître, l’Abbaïe se dirige d’abord vers le Nord-Ouest, puis se tourne au Nord, pour entrer dans le lac Tsana, qu’il traverse, assure-t-on, sans y mêler ses eaux et en contournant la péninsule de Zagué, qui est attenante au district du Metcha. Près de Bahar-Dar, l’Abbaïe débouche du lac sous la forme d’un large déversoir ; puis, coulant au Sud-Est dans un lit rocheux et rétréci, il sépare du Gojam, d’abord le Bégamdir, puis l’Amhara, l’Ahio, le Durrah, le Djarso, le Touloma, le Kouttaïe, le Liben, le Gouderou et l’Amourou. Plus bas, il sépare l’Agaw-Médir et les nègres qui l’avoisinent, des Sinitcho du Limmou et des nègres de la rive gauche, pour se joindre au Didessa, et devenir, sous le nom de Bahar-el-Azerak, le vrai Nil des indigènes. À Kartoum enfin, il reçoit le fleuve Blanc, et quelle que soit l’opinion des géographes en amont, ces derniers s’accordent avec