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DOUZE ANS DE SÉJOUR

nouveau gardien de l’intimité, il partage ses fonctions avec lui et les profits qui en découlent, jusqu’au premier grand banquet ; il dépose alors sur le bas-bout de la table sa verge, signe de son office intérimaire. Quand le Dedjazmatch prend un repas à l’écurie, l’écuyer dirige de droit le service, à l’exclusion des officiers spéciaux, le panetier excepté ; il présente lui-même l’hydromel à son seigneur et il a droit à toute la desserte. Il a droit aussi à une certaine partie de viande sur chaque bœuf, chèvre ou mouton de boucherie. Les jours de festin, il se tient debout près du chevet de l’alga ; il y boit l’hydromel à discrétion, et de plus, sur chaque grande jarre d’hydromel qui se consomme, l’échanson doit lui réserver une certaine mesure qui lui est remise après le festin. Il a ses entrées chez le Dedjazmatch et jouit souvent de son intimité. Il est pourvu d’un fief qui lui permet d’enrôler pour son compte une quarantaine de soldats. Il va sans dire qu’il doit être écuyer habile et avoir des recettes pour les maladies des chevaux. Il a la police et la conduite des palefreniers et des coupeurs d’herbe, et pour chacun de ces services le Prince nomme, sur sa présentation, un Alaka, ou mesureur, un Tekouatari, ou comptable, et un Aggafari, ou gardien.

Les coupeurs d’herbe, munis chacun d’une faucille et de douze cordelles, ne sont tenus en tous temps que de fournir journellement une charge d’herbe choisie ou, à défaut d’herbe, une charge de paille qu’ils remettent aux palefreniers. Ces derniers sont chargés de nourrir les chevaux et de veiller à leurs attaches ; en marche, ils vont à pied et les conduisent à la main ; ils perçoivent un droit par cheval donné par le Dedjazmatch, ainsi qu’un morceau de viande spé-