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DOUZE ANS DE SÉJOUR

cents à quinze cents combattants. Parmi les fiefs de cette nature en Damote, aucun ne comportait ni titre, ni la cotte d’armes en soie, à l’exception de celui du chef de l’avant-garde et d’un autre fief qui conférait le titre de Sénéchal. La dignité attachée à ce dernier fief provient de ce que du temps des Empereurs il était attribué au grand Sénéchal de l’Empire. Ces grands fivatiers, qui peuvent être renouvelés d’année en année, constituent, sans toutefois les former explicitement, le corps dirigeant de la maison d’un Dedjazmatch. C’est parmi eux souvent que la fortune prendra son successeur ou son rival. Ils composent son conseil, et malgré le pouvoir personnel en apparence du Dedjazmatch, on peut dire que pour tout ce qui est important, il n’agit que d’après l’avis de ces possesseurs de grands fiefs. Ils campent sous des tentes blanches au milieu de cercles formés par les huttes de leurs soldats, et chacun occupe dans le campement une place déterminée en raison du fief dont il a la tenure.

Les titulaires de fiefs moins importants, dits fiefs à hydromel, parce que les revenus de ces fiefs leur permettent l’usage journalier de cette liqueur, sont reçus à dresser au camp une ou plusieurs tentes en toile blanche ; les tenanciers de fiefs moindres n’ont que des tentes noires faites en laine beige grossièrement tissée, ou bien à chaque nouveau campement, ils se font construire par leurs soldats une hutte recouverte de chaume, d’herbes vertes, ou même de feuilles.

Après avoir distribué les grosses investitures, le Dedjazmatch répartit, entre ses nombreux Meuzeuzos, les fiefs secondaires, et il arrive graduellement à ceux dont l’étendue et les revenus sont le moins considérables ; puis, il nomme à tous les offices énumérés plus haut.