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DOUZE ANS DE SÉJOUR

sentait à prendre Birro pour gendre, à condition que sa naissance fût solennellement légitimée, et que le droit d’aînesse lui fût conféré.

Le Prince, qui aimait beaucoup Tessemma, représenta le rang de la mère, et l’injure qu’il leur ferait à tous deux ; mais ce fut en vain.

Rentré chez lui, il réunit ses conseillers, qui décidèrent qu’un refus serait d’autant plus imprudent qu’ils étaient pour le moment à la merci du Ras. Ce dernier, sur la proposition de sa mère, accepta cette substitution ; il nomma Birro Balambaras, et lui donna la cotte d’armes en soie, afin qu’il relevât également de lui et du Dedjazmatch. On prit jour, et en présence du Ras et d’un grand concours de seigneurs du Bégamdir et du Gojam, d’ecclésiastiques, d’hommes de loi et de clercs, tous réunis chez la Waïzoro, le Dedjadj Guoscho reconnut par serment Birro pour fils, lui conféra le droit d’aînesse, demanda pour lui la main de la Waïzoro Oubdar, et un des grands vassaux, s’avançant au nom du Ras et de la Waïzoro Manann, prononça les formules qui constituent les accordailles. Les apports mutuels furent énumérés : le Ras donna à sa sœur la seigneurie de quelques villages dans le Bégamdir ; le Dedjadj Guoscho donna à son fils un nombre égal de villages en Gojam.

Le Ras, en regagnant sa maison, s’égaya avec ses familiers sur le compte de son nouveau beau-frère ; il le traita de nicodème, de dadais, et dans la suite ne le désigna même plus autrement.

La Waïzoro Manann, tout entière à son œuvre, garda le fiancé auprès d’elle. Au bout de quelques jours, elle lui confia sa jeune épouse, et, malgré ses autres préoccupations de toute nature, elle se complut pen-