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DOUZE ANS DE SÉJOUR

serait affaibli par sa victoire même, puisqu’il aurait dispersé l’armée du Conefo, qui ne demandait qu’à faire cause commune avec lui. De plus, Birro, que le Ras, sans l’avouer, tenait surtout à atteindre, en prenant possession du gouvernement du Dambya, province ouverte et contiguë au Bégamdir, se trouverait ainsi à la discrétion du Ras. Ils cherchaient fort justement, à leur point de vue, à précipiter ces événements, afin d’empêcher une coalition présumable entre le Dedjadj Guoscho, le Lidj Ilma et le Dedjadj Oubié, que son indécision seule empêchait de se joindre à la ligue chrétienne, dont les forces réunies pouvaient presque sans combat balayer du Bégamdir la puissance du Ras, qui ne devait sa durée qu’à la division du parti chrétien.

Sitôt que le Lidj Ilma fut informé de la publication à Dabra Tabor du ban qui investissait Birro du gouvernement du Dambya et de l’Agaw Médir, il offrit au Dedjadj Guoscho de se mettre sous ses ordres pour marcher incontinent contre le Ras qu’ils pouvaient combattre avec avantage en l’attaquant à l’improviste.

La position du Dedjadj Guoscho devenait embarrassante. Malgré le ban publié à Dabra Tabor, Birro était impuissant à prendre sans aide possession de son investiture que l’armée de Conefo ne céderait pas sans combat ; et s’il refusait d’aller installer son fils en Dambya, il froissait l’ambition de ce dernier, rompait avec le Ras, se réduisait à marcher contre lui avec Ilma ; et dans le cas où le sort des armes leur serait favorable, l’ambitieux Dedjadj Oubié ne manquerait pas l’occasion de l’attaquer avec son armée déjà prête, sans lui laisser le temps de réunir les ressources militaires des provinces nouvellement