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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Nos timballiers battaient à tout hasard la charge au centre du camp. La crainte d’avoir le Dedjazmatch sur les bras décontenança l’attaque faite contre notre camp de gauche, où les assaillants étaient pourtant en plus grand nombre ; ils se retirèrent précipitamment sans grande perte. Nous eûmes une vingtaine d’hommes tués et un nombre moindre de blessés ; on nous tua aussi deux femmes et on nous en blessa une trentaine.

Au point du jour, Birro fit couper le poignet droit à quelques-uns des prisonniers, et ordonna aux autres d’emmener les mutilés afin qu’ils servissent d’exemple aux rebelles ; et, le même jour, nous quittâmes le terrain incommode où nous campions pour aller nous établir un peu plus loin. Au moment de monter à cheval, Birro me fit cadeau de sa belle pèlerine blanche que depuis quelques jours ses principaux seigneurs lui demandaient à l’envi. Peu après, manquant encore de vivres, le Dedjazmatch fit publier un ban engageant les habitants de certains districts à mettre à couvert leurs personnes, leur bétail et leurs objets précieux, afin qu’il envoyât ses soldats se ravitailler sur leurs terres ; il leur accordait en même temps l’exemption d’une année d’impôts. Les habitants se prémunirent en conséquence ; mais ils s’apostèrent, laissèrent s’effectuer le pillage, et attaquèrent nos gens sur plusieurs points à la fois, lorsqu’ils revenaient en désordre chargés de vivres. Notre arrière-garde eut fort à faire pour les dégager : nous y laissâmes une soixantaine de morts ; nous fîmes prisonniers une trentaine d’hommes et plus de 200 femmes.

Birro ayant perdu dans cette affaire un parent douteux, ou, pour le moins, très-éloigné, saisit ce