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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

à l’ouest de Gondar, et le Dedjadj Oubié ne recevait que des chevaux inférieurs et à des prix très-élevés.

Lorsqu’à la chute du jour, mon hôte rentra chez lui, je lui racontai l’incident et le priai de le rapporter fidèlement au Prince.

— Ce palefrenier doit-être ivre, selon son habitude, me dit-il, mais je vais y mettre ordre.

Il fit venir le palefrenier, le réprimanda, et comme il avait cuvé son vin, il lui ordonna de me demander pardon. Le drôle, selon la coutume du pays, se prosterna le front contre terre, en tenant à deux mains sur son cou une grosse pierre. Je refusai d’abord, parce que je préférais porter ma plainte au Prince, mais sur les instances de l’abbé je cédai et je prononçai la formule ordinaire du pardon. Mon cheval fut amplement dédommagé. J’appris dans la suite qu’avant l’intervention de l’abbé, le palefrenier, prévoyant ma plainte, avait immédiatement fait raconter l’incident au Dedjazmatch d’une façon qui était loin de m’être favorable. Le lendemain, je fis une visite de congé et je rentrai à Adwa.

À la fin de la semaine, l’abbé m’envoya dire que le Dedjazmatch passerait près d’Adwa, en se rendant dans le Samen, et que je ferais bien d’aller au devant de lui aux abords de la ville, à cheval et le bouclier au bras ; que le Prince serait flatté qu’un Européen eût pour lui une pareille attention, qui, je ne l’ignorais pas, était conforme aux usages ; et le lendemain, la batterie lointaine des timbales annonçant l’approche du Dedjazmatch, j’allai à sa rencontre.

Le Dedjadj Oubié passait pour être façonnier et très vaniteux. Coiffé d’un turban de forme allongée et drapé jusqu’aux yeux dans sa toge, il cheminait seul, silen-