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DOUZE ANS DE SÉJOUR

pour moi, et nous quittâmes Moussawa, pleins de confiance dans l’avenir.

Nous arrivâmes sans encombre à Adwa.

J’envoyai à Maïe-Tahalo, en Samèn, un messager pour saluer le Dedjadj Oubié, lui annoncer le retour de mon frère, et le prévenir de notre intention d’aller lui présenter nos hommages. Il fit une réponse polie et nous envoya un soldat pour nous faire héberger en route.

Désirant arriver sans délai à Gondar, et éviter à mon cheval et à nos porteurs de bagages les difficultés du chemin des montagnes, je les expédiai sous la conduite d’un homme sûr par le chemin plus direct des caravanes, à travers les bas pays, avec ordre de m’attendre à quelques heures de Gondar, sur la limite des États d’Oubié.

En quittant Adwa, j’eus le chagrin de me séparer de Jean, domestique basque que mon frère venait de m’amener de France. Je l’avais connu en Algérie, où il achevait son temps de service militaire, et il m’avait manifesté son regret de ne pouvoir me suivre lorsque je quittai l’Algérie pour la Grèce. Lors de son retour en France, mon frère ayant trouvé Jean libéré, lui avait proposé de me rejoindre, et, en véritable Basque, Jean n’avait pas hésité à entreprendre un long voyage pour entrer à mon service. Mais sa santé ne pouvait supporter la rude vie qu’il avait à mener avec moi. Il ne se remettait que difficilement d’une fièvre prise en passant au Caire ; le manque de bon pain et de vin l’affaiblissait ; il était loin de s’en plaindre, mais il dépérissait. Je lui dis d’aller attendre mon retour dans une propriété de ma famille au pays basque, où l’air natal le remettrait ; et à cet effet je le laissai à Adwa, pour qu’à la première occasion il pût partir pour Moussawa et s’em-