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DOUZE ANS DE SÉJOUR

d’Oubié ? » Tu es en désaccord avec lui ? il n’y a pas de mal à cela. Quand il viendrait te chercher ici, mes fourrés sont assez épais pour te cacher, toi et toute ma famille ; l’oiseau de proie même ne vous découvrirait pas. Mes jarrets sont encore ceux de la panthère, et, de nuit comme de jour, je saurais protéger votre retraite. Quant à ton cheval, personne n’y touchera ici. Et ne descends pas à Moussawa, où les chaleurs de l’été te fatigueraient. Reste dans l’hiver avec moi.

Je remerciai mon nouveau patron, et j’envoyai des hommes sûrs à Gondar, pour avertir le Lik Atskou et me ramener Domingo et quelques effets laissés dans ma maison. Je prévins mon frère de mon heureuse arrivée à Digsa et de la sécurité dont j’y jouissais ; et, comme les chaleurs étaient excessives à Moussawa, je l’engageai à venir attendre auprès de moi, dans un climat tempéré, l’arrivée de Domingo. Mais mon frère préféra rester à Moussawa, afin de pouvoir explorer les vestiges de la ville d’Adoulis et d’autres points intéressants du bas pays environnant.

On me parla du petit hameau de Maharessate situé à quatre kilomètres environ à l’Est de Digsa, dans la zone où régnait l’hiver, et dont les environs déserts abondaient en animaux sauvages. Le désir de chasser et de m’affranchir de la gêne qu’entraînait pour moi la vie commune avec le Bahar Negach, m’engagea à m’installer à Maharessate. Il n’était pas probable que le Dedjadj Oubié m’y fît inquiéter ; mais en ma qualité de protégé du Bahar Negach, je pouvais craindre ses ennemis personnels ; et il n’en manquait pas. Aussi, quand j’y fus établi, m’envoya-t-il un messager pour me dire : « Mikaël, ne t’endors pas ! »

Domingo avait quitté Gondar avec une grande caravane, et, comme elle n’avançait qu’à petites jour-