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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

qu’à Rome, l’usage de la toge-prétexte était à peu près le même.

Les Éthiopiens, comme nous l’avons dit plus haut, quittent leur toge pour les travaux qui exigent un grand déploiement d’activité ; ils la déposent pour combattre ou l’enroulent autour du corps, s’ils prévoient qu’ils ne reviendront pas à l’endroit où s’apprête la lutte, et ils s’encapuchonnent et s’enveloppent dans ses plis pour la nuit, après avoir ôté leurs vêtements de dessous.

Ils ont différentes façons de draper leur toge, selon qu’ils se présentent à l’église, devant un tribunal, devant un supérieur ou devant un égal, lorsqu’ils demandent justice ou parlent devant telle ou telle assemblée, lorsqu’ils se joignent à une réunion de deuil. Ils se découvrent la poitrine en partie pour répondre à un salut et manifestent, en se drapant de telle ou telle façon, le dédain, l’éveil, l’abandon de soi-même et les principaux sentiments qui agitent le cœur de l’homme. Souvent des accessoires identiques inspireront l’homme de la même façon, et sans avoir jamais entendu parler de la fin de César, plus d’un Éthiopien s’est couvert le visage d’un pan de sa toge, en mourant sous le fer d’assassins.

Je ne m’étendrai pas sur les avantages et les inconvénients d’un régime d’habillement si différent de celui qui est adopté en Europe ; ils se déduisent naturellement de cette considération que l’habillement des peuples européens est composé de pièces façonnées par les ciseaux et l’aiguille pour des portions déterminées du corps, au lieu que le vêtement des Éthiopiens consiste principalement en pièces d’étoffe rectangulaires, susceptibles de s’adapter successivement à toutes les parties du corps. Ce dernier régime vestimental favo-