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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

nos vêtements ajustés formant une part strictement définie pour un seul individu. Il arrive journellement que l’Éthiopien étende un pan de sa toge sur un homme que son vêtement usé expose à la froidure, et il n’est pas rare qu’il en détache un lé pour couvrir la nudité de son semblable.

On fait usage en Éthiopie d’une pèlerine en peau préparée avec son poil. Ce vêtement de dimension très-variable est quelquefois fait de la peau d’un poulain mort-né, d’un chevreau, d’une once, d’un chat civet, d’une panthère, d’un lionceau, d’un veau, enfin de tous les animaux domestiques ou sauvages, dont le pelage est agréable à l’œil, à l’exception toutefois du chien et de l’hyène. La peau est taillée de façon à former cinq ou six bandelettes, qui tombent sur les reins et les côtés, et à ce que la peau des deux pattes de devant vienne se croiser sur la poitrine, comme dans la statuette de Cupidon-Hercule qu’on voit au Louvre. Les plus riches pèlerines sont faites en peau de mouton, doublées en soie écarlate et quelquefois rehaussées de bosselures en vermeil ; elles viennent de la frontière N. O. du Wallo et de la petite province adjacente d’Amara, où sont soigneusement élevés des moutons à longue laine. Ces moutons fournissent une toison dont les mèches atteignent jusqu’à deux coudées et plus de longueur. La toison blanche dont les mèches dépassent une coudée est regardée comme la pèlerine la plus aristocratique ; les toisons noires d’une à deux coudées de long sont plus communes et ordinairement soumises à une teinture qui embellit et égalise leur couleur. Les hommes de guerre, les cavaliers surtout, portent ce vêtement par dessus la toge pour l’assujétir ou pour se préserver du froid ; les jeunes paysans et les che-