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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

dit Homère pour les femmes du haut rang dans l’antiquité, les Éthiopiennes riches portent leur toge traînante à terre. Les jeunes filles appartenant aux familles aisées ne portent en général que la tunique seule ou la toge seule, rappelant et justifiant ainsi les épithètes grecques μονόπεπλος et μονοχίτωνες appliquées aux jeunes filles spartiates. Comme à Rome, les femmes mariées qui se respectent ne paraissent point en public sans une stole sous leur toge, rappelant ainsi l’épithète de stolata indiquant les matrones romaines par opposition aux mérétrices. Les Éthiopiennes qui accomplissent habituellement les travaux du ménage, mettent une petite ceinture au-dessous des seins, à la taille ou sur les hanches, correspondant à la position que les antiquaires donnent au cingulum, au zona et au cestus : ceintures des femmes antiques ; quelquefois même, elles mettent deux ceintures, une sous les seins et l’autre sur les hanches[1]. Celles des classes riches portent des tuniques brodées en soie de diverses couleurs, rappelant aussi la tunica picta et la tunica palmata des anciens.

Les femmes montent à mule, à chevauchons, et mettent alors sous la stole des pantalons étroits du bas et descendant jusqu’aux talons ; le bas de ces pantalons est souvent brodé en soie de diverses couleurs.

Lorsque les femmes de condition se présentent en public, elles s’encapuchonnent et se voilent d’un pan de la toge, de façon à ne laisser paraître que les yeux. Quelquefois, au lieu d’un pan de la toge, elles enroulent sur la tête une écharpe, de façon à couvrir le front et à laisser pendre les bouts par derrière ; elles se

  1. Voir la note 2, à la fin du volume.