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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

par le regorgement des eaux pluviales des deugas, deviennent torrentueux, mais pendant l’été et l’automne, il ne reste que des lits quelquefois complètement desséchés ; les sources sont rares, peu abondantes, de longs espaces en sont dépourvus. D’autre part, les kouallas qui ont des cours d’eau continus, un peu volumineux, sont frappés d’insalubrité. Les djins, disent les indigènes, veillent sur leurs bords pour frapper de fièvres pernicieuses ou typhoïdes, trop souvent mortelles, ceux que la fatigue, la fraîcheur et l’ombre convient à s’y livrer au repos. Les kouallas, même salubres, deviennent malsains lorsque les premières pluies de l’hiver humectent les terres altérées, et lorsque le soleil du printemps les dessèche de nouveau. Le séjour en deuga passe, au contraire, pour être toujours sain.

Du reste, même en Éthiopie, les termes deuga et koualla sont relatifs ; telle contrée basse est quelquefois nommée deuga par ses voisins qui habitent un koualla plus profond encore, comme tel district deuga, sis à une altitude de plus de 2,000 mètres, est traité de koualla par ses voisins qui vivent sur des terres d’une altitude plus grande.

Réduit à sa dernière expression, le deuga est un plateau borné par des précipices dont l’escarpement est souvent tel, qu’on peut s’asseoir sur le bord, les jambes pendantes dans le vide, comme si l’on occupait la margelle d’un puits. On trouve quelquefois, dressé abruptement au milieu d’un koualla, un deuga de la plus petite échelle, rendu inabordable par la main de l’homme ; ce deuga en miniature devient un mont-fort, forteresse naturelle, dont les hill-forts de l’Inde ou la forteresse de Kœnigstein, en Saxe, donnera l’idée exacte. Quelques-