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connoître Soy-meme.

Ceux là donc se trompent beaucoup dans cette matiere, qui s’imaginent que c’est offenser Dieu, que de l’aymer autrement que pour l’amour de luy même & qu’il n’y a point de mouvement interessé de nôtre cœur, qui ne soit criminel. On n’a pour réfuter ces speculations, qu’à faire reflexion sur la conduite de Dieu, qui non seulement consent que nous l’aymions par les motifs du bien, que nous trouvons dans sa possession : mais qui Ie veut & qui proportionne ses révelations à ce dessein ; & aussi peut-on dire qu’on glorifie Ie Souverain bien lors qu’on Ie desire ardemment & qu’on ne trouve ni repos, ni joye que dans sa communion.

Ce grand Precepte peut être proposé à l’homme mortel pour Ie confondre, en luy faisant voir son impossibilité à accomplir la loy de Dieu : mais il n’y a que l’homme immortel qui puisse remplir ce devoir. Ce n’est pas l’homme qui perit, qui se sent avoir de grandes obligations à Dieu : mais l’homme qui subsiste éternellement. Et ce n’est point dans un amas de saveurs perissa-