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connoître Soy-meme.

la connoissance & le sentiment, afin que celle-ìà réglât celui-cy, & que celui-cy fixât celle-là. S’il n’y avoit que de la raison en l’homme, nous nous égarerions dans nos pensées & nous nous dissiperions en vaines speculations, nous attachant à connoître toute autre chose que ce qui nous importeroit. Le sentiment est donc destiné à fixer cette intelligence, & à l’appliquer principalement à des objets qui l’interessent. S’il n’y avoit que du sentiment en l’homme, il pourroit avoir des penchans & des désirs, tels que ce sentiment les feroit naître : mais il manqueroit de lumiere & de guide, pour trouver les choses auxquelles ces désirs se portent naturellement ; & l’amour de la volupté étant aveugle & mal dirigé, le feroit tomber dans toute sorte de précipices. La raison est donc destinée à regler le sentiment.

La raison est le conseiller de l’ame, le sentiment est comme sa force ou le poids, qui la détermine, & cette force est plus grande ou plus petite selon les differences de ce sentiment.