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L’ART DE SE

mes sensations à l’occasion de la matiere étherée, qui avoit accoûtumé d’ébranler le nerf optique ; ce qui peut se dire à proportion de l’oüie. Mais quand nous n’aurions point ces mêmes sensations, que nous importe, puis que nous en aurons d’autres, & même d’un ordre plus élevé. Car comme en perdant le corps, nous n’aurons perdu que ce qui nous contraignoit & nous abaissoit, nous ne devons point craindre, que nôtre esprit perde rien, en se détachant de la matiere, de la pureté & de la noblesse de ses operations.

Il n’est pas trop permis, & il est d’ailleurs assés inutile, de vouloir s’abandonner à ses conjectures sur des choses qu’il a pleu à Dieu de nous cacher : mais peut-être n’y auroit-il point trop de hardiesse à conjecturer, que comme l’abaissement de l’homme pendant sa vie consiste en ce que l’intelligence est soumise au sentiment, la gloire qui suivra la mort consistera en ce que le sentiment sera parfaitement soumis à l’intelligence. En effet présentement que l’ame est descendue du ciel en terre pour