Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/182

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dessus de tout. On sent un plaisir secret à voir un Heros quereller les destins & la fortune. Nous aymons à le voir au dessus de tous les dangers par fa valeur & au dessus de tous les applaudissemens par fa modestie. Nous voulons que rien ne puisse ébranler son courage &quoy que nous ne puissions souffrir que fa fierté nous méprise, nous aymons qu’elle méprise toutes les injures des élemens, toute la persecution des hommes, & qu’il se montre plus grand que toutes les choses qui sembloient pouvoir s’abaisser. La sermeté est mal placée dans un homme qui perd tout : Mais elle s’accorde avec je ne fay quel sentiment confus.de nôtre grandeur, qui ne trouve rien qui luy soit disproportionné.

C’est de là encore sans doute, qu’est sortie cette idée du Sage, que les Stoïciens ont tâché vainement de remplir. Car en verité leurs paradoxes dans les principes d’un homme, qui ne croit point d’éternité, sont bien extravagans : mais quelque extravagans qu’ils puissent être, ils ne laissent pas de fiure naître,