Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous l’avons deliré, nous nous trouvons en quelque forte affamés au milieu même de labondance.

Quoy que l’amour de nous mêmes n’ayme point à penser à toutes les choses, qui peuvent luy faire voir la vanité des ses attachemens, il est certain neanmoins qu’il entrevoit tous ces défauts dans la felicité qu’il poursuit. U sent que le plaisir des sens est plûtôt la felicité des bestes que celle de l’homme. II convient qu’un bonheur pour être solide, devroit être durable. II ne nie pas qu’un bonheur assuré ne ftìt préferable à une felicité qui est si incertaine darçs ses fondemens. II sent que pour être heureux, il faudroit que l’homme pAt fixer ce plaisir passager, qui ne se troqve que dans J’instant de lacquisition. fl convient que la veritable felicité dovroit remplir nôtre ame.

La droite raison vaudroit donc, qu’il cherchât d’autres sources de felicité : mais le plaisir présent qui l’interesse & qui seduit l’entendement, en s’attachant à ce qui est agreable plutôt qu’à ce qui est vray, ne luy permet point depren