Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/419

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En un mot il y a dans les vertus humaines une fauiïcté qui faute auxyeux de tout le monde, & qui empêche qu’on ne puisse les estimer sans extravagance. Encore y a-t-il un peu plus de bonne foy dansl’injustice de ces autres Heros, que le crime ennoblit, que finjustice illustre & rend celebres. Ils se sacrifient tous, comme si tout Ieurapartenoit. Alexandre est un expression vivante de ce dérèglement. De la maniere dont ce Prince surieux agit, on diroit qu’il prétend que toutes choses ayent été faites pour son plaisir & pour fa gloire, & que le genre humain n’ayt point d’autre usage que de servir à sa cupidité. Il embrase les cités. II ravage les Provinces. II renverse les trônes, & fait des puissances le jouet da la sienne comme si les nations n’étoient qu’un peu de poussiere devant iuy Peut-on souffrir qu’un homme se fasse à luy même des sacrifices qu’il auroit horreur d’offrir au plus grand de ses Dieux ?

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