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L’Art de se

sa vie & le désespoir d’une inevitable necessité dans sa mort.

Tous ses âges luy apportent quelque foiblesse ou quelque misere particuliere. L’enfance n’est qu’un oubli & une ignorance de soymême ; la jeunesse qu’un emportement durable, qu’une longue fureur ; & la vieillesse qu’une mort languissante sous les apparences de la vie, tant elle est suivie d’infirmités.

Il y a peu de choses qui l’environnent, qui ne luy annoncent sa fin ; il trouve les principes de cette mort qu’il redoute par dessus toutes choses, & dans l’air qu’il respire, & dans les alimens qu’il reçoit, & dans les sources de sa vie qui se consume elle même ; & telle est sa destinée qu’aprés avoir évité les plus grans perils, les embrasemens, les naufrages, les maladies, il trouve enfin toutes ces prétendües délivrances terminées par la mort. Son corps est le centre des infirmités, son esprit est rempli d’erreurs & son cœur d’affections peu reglées. Il souffre & par la consideration du passé qui ne peut estre rap-