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connoître Soy-meme.

nous n’entrerons point ici dans ces examens metaphysiques, qui ne sont bons à rien, & il feroit à souhaiter que pour éviter d’outrer la speculation dans cette sorte de choses, on considerât que les hommes ne sont pas simplement destinés à connoître la verité : mais à connoître des verités utiles ; & qu’ils laissassent là pour une bonne fois ce qui n’a pas d’autre usage que de satisfaire la curiosité de nôtre esprit. Et certes quand je considere que Dieu sans rien changer dans ce monde, ni dans mon corps, ni dans mon ame, pouvoit, s’il luy eust plu, par une intuition libre de sa sagesse, attacher de la douleur à tous les objets corporels, auxquels il luy a plu d’attacher du plaisir, puis que ces objets en eux mêmes ont aussi peu de raport avec l’un qu’avec l’autre ; de sorte que l’homme au lieu de s’aimer luy même par les motifs de ce plaisir, qui est occasionnellement attaché à tant de differens corps que l’environnent, se haïroit luy-même par Ie motif de la douleur, que Dieu auroit attaché en ce cas là à ces mêmes objets, & trouveroit