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LETTRES D’ADÉLARD ET D’HÉLOÏSE. 287

purifiez voire cœur de toute iniquité. » Il faut aussi que l’infirmière fasse une garde vigilante auprès des malades, qu’elle soit toujours prête à venir à leur aide, en cas de besoin ; il faut que la maison soit fournie de tout ce qui est nécessaire. Elle doit s’approvisionner de médicaments, sui- vant les ressources de l’endroit : ce qu’elle fera d’autant mieux qu’elle connaîtra la médecine. A elle encore appartiendra de veiller à tout ce qui touche aux pertes périodiques des sœurs. H faut qu’elle sache saigner, pour que cette opération ne nécessite l’accès d’aucun homme auprès des reli- gieuses. L’infirmière réglera encore les heures des offices et la communion pour les malades, afin qu’elles n’en soient pas privées ; le dimanche, au moins, elles doivent communier, après préparation par la confession et la contrition dans la mesure du possible. Au sujet de l’extrême-onction, on veillera avec soin à l’observation du précepte de l’apôtre saint Jacques. Pour administrer ce sacrement à une malade désespérée, on introduira dans le monastère les deux plus vieux prêtres d’entre les moines"et le diacre ; ils apporteront avec eux les saintes huiles et feront la cérémonie de l’onction, toule la communauté y prenant part, mais séparés de la chambre de la ma- lade par une cloison. On fera de même toutes les fois qu’il sera nécessaire pour la communion. 11 faut donc que l’infirmerie soit disposée pour l’admi- nistration des sacrements, de telle sorte que les moines puissent entrer et sortir, sans voir la communauté ni en être vus.

Chaque jour, une fois au moins, la diaconesse, accompagnée de la cellé- rière, visitera les malades, comme elle ferait le Christ, afin de s’éclairer sur leurs besoins temporels ou spirituels et d’y pourvoir. Ainsi mériteront-elles d’entendre ces paroles du Seigneur : « J’étais malade et vous m’avez visité. > Que si une malade approche de sa fin et tombe dans les angoisses de l’agonie, aussitôt une de celles qui la veillent, parcourant le couvent avec la crécelle et la faisant tourner, annoncera la fin de la sœur ; alors la communauté en- tière, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, se réunira auprès de la mourante, à moins que la célébration des offices ne l’en empêche. Dans ce cas, comme le service de Dieu doit passer avant tout, il suffira que la dia- conesse, accompagnée de quelques sœurs qu’elle choisira, fasse diligence ; lacommuuauté viendra ensuite. Celles qui auront été ainsi réunies à l’appel de la crécelle, réciteront les litanies, parcourant la liste entière des saints et des saintes ; puis les psaumes et les prières des morts. Combien sont bon- ne» ces visites aux malades ou aux morts, l’Ecclésiastc le fait remarquer avec soin : « Mieux vaut aller, dit-il, dans une maison où l’on pleure que dans une maison oh règne la joie d’un festin ; dans la première, ou apprend quelle est la fin de tous les hommes, et vivant, on pense à ce que l’on doit être un jour ; » et encore : « Le cœur du sage se plaît là où est la tristesse. » Dès que la malade a expiré, son corps doit être lavé par les sœurs ; on lui mettra une robe grossière, mais une chemise propre, et des sandales ; puis on la placera sur un brancard, la tête couverte de sou voile. Il faut que ses