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LETTRES D’ABÉLARD ET D’HÉLOÏSE.

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sujet du conseil : i Où il n’y a personne pour gouverner, le peuple périt ; le salut est là où il y a beaucoup de conseil ; la route est toujours droite aux yeux de l’insensé, mais le sage écoute les conseils. Mon fils ne faites rien sans prendre conseil, et vous n’aurez pas de regret. » Si quelque affaire réussit d’aventure sans qu’on ait pris conseil, la faveur de la fortune n’ex- cuse pas la présomption de l’homme ; si, au contraire, l’échec arrive après le conseil, le pouvoir qui a pris conseil ne saurait être accusé de présomp- tion : car celui-là est moins coupable qui a eu confiance, que ceux sur le mauvais avis desquels il s’était reposé.

Au sortir du chapitre, les religieuses se remettront chacune à leur ou- vrage, soit à la lecture, soit aux champs, soit à des travaux manuels, jus- qu’à l’heure de tierce. Après tierce, on dira la messe. Elle sera célébrée par un prêtre choisi à cet effet par les moines, pour la semaine, et assisté, si les moines sont en nombre, d’un diacre^et d’un sous-diacre qui le serviront et rempliront chacun leur office. Leur arrivée et leur départ auront lieu de telle sorte qu’ils ne soient point vus de la communauté. Dans le cas où un plus grand nombre de moines serait nécessaire, on y pourvoira, mais au- tant qu’il est possible, de telle façon que les messes des religieuses n’empê- chent pas les religieux d’assister aux offices divins dans leur couvent.

Pour la communion des sœurs, on choisira le prêtre le plus âgé. Il la leur donnera après la messe, après avoir fait sortir auparavant le diacre et le sous-diacre, pour supprimer toute occasion de tentation. La communauté entière communiera au moins trois fois l’an : à Pâques, à la Pentecôte, à Noël, ainsi que les Pères l’ont établi même pour les personnes qui vivent dans le siècle. Elle se préparera à cette communion générale par une péni- tence de trois jours précédée de la confession ; pendant ces trois jours, les re- ligieuses vivront de pain et d’eau, se purifieront incessamment par la prière faite avec humilité et tremblement, en se remettant devant l’esprit la terri- ble sentence de l’Apôtre : « Quiconque aura mangé le pain ou bu le calice du Seigneur, sans en être digne, sera coupable du corps et du sang de Jésus- Christ. Que l’homme se mette donc à répreuve, avant de manger ce pain et de boire ce calice. Car celui qui mange et boit sans eu être digne, mange et boit sa propre condamnation, pour n’avoir pas jugé que c’était le corps du Seigneur. C’est pour cela que l’on voit parmi nous tant de malades et de faibles, tant de gens endormis. Si nous nous jugeons nous-mêmes, nous y gagnerons de n’être pas jugés. »

Après la messe, les religieuses retourneront à leurs occupations jusqu’à sexte ; elles ne doivent point être oisives un seul moment ; chacune d’elles doit faire ce qu’elle peut et ce qu’il faut. Après sexte on dînera, si ce n’est pas jour de jeune, car, alors, il faudrait attendre après none, et, dans le ca- rême, après vêpres. En tout temps, on doit faire la lecture au réfectoire. Lorsque la diaconesse l’aura trouvée assez longue, elle dira : assez, et aus-