Page:Abgrall - Et moi aussi j ai eu vingt ans.djvu/50

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passion ! Je vous entends ricaner et parler de légiférer, mais craignez la sordité morale des lois dites sociales… Je sentais contre ma joue, la brûlure exquise de sa joue et son cœur battre fortement contre mon cœur exultant d’ineffables espoirs. Mimi, ma blonde amie, contre toi serre-moi fort, bien fort, plus fort, veux-tu ?

J’adorais Mimi. À corps perdu je me lançais dans son amour, avec toute l’exaltation de mes rêves sans souci de la Mort planant sur ma tête. Fi de la gueuse qui ne respecte pas les galants jouvenceaux ! Je ne songeais guère plus à ma maladie. Tout pour moi devenait beau. L’air égrenait des couplets merveilleux et la divine magie de l’éternelle chanson d’amour, l’amour qui fait de tout homme un poète et de toute femme, une déesse.

Aime-le de toute âme, console de tout ton cœur épris ce collégien fougueux, Mimi, blonde petite dactylo qui provoque les rêves et crée de l’enchantement !

— Fanfan, tes baisers claquent comme des drapeaux. Embrasse-moi bien…

— Non !

J’ai rougi.

— Pourquoi ?

J’arguais de mes scrupules. J’ai peur de devenir un criminel. Elle rit de mes alarmes et de ma mine austère.

— Gosse, va !

Décontenancé je la regarde qui sourit de ses dents éclatantes. Brusquement dans une morsure exaspérée j’ai pris ses lèvres. Elle se laisse aller au charme brutal de la caresse imprévue. Puis humblement, je me suis excusé. Mais qui a bu, boira… Est-ce elle qui l’a voulu ? ou moi ? Je ne sais pas. Je ne veux pas le savoir car je l’aime. Elle m’a tout dit d’elle-même comme je lui ai tout dit de moi. On s’habitue à nous voir ensemble. Il n’y a dans notre attitude rien d’inconvenant. Je ne suis qu’un gosse puisque je ne suis que