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Tous les villages de Botmeur avaient délégué plusieurs personnes. Les femmes avaient mis leur grande cape de deuil. En dehors de quelques amis de Huelgoat, et de trois bardes, aucun étranger n'assistait au convoi. C'est devant un auditoire uniquement paysan que parlèrent du défunt en français l'instituteur Yves Rolland, du Huelgoat, et en breton les Délégués du Gorsedd, Cotonnec (Paréour), Le Berre (Ab Alor) et moi. On entendait les sanglots de la famille. Beau- coup d'assistants, parmi ces rudes pillaouers et laboureurs, sentaient leurs yeux se mouiller de larmes.

Telle fut la courte Vie de ce petit Oiselet sauvage de l'Arrée, dont il restera quelques chants, quelques trilles, quelques pages...

Comme je le disais sur sa tombe, « les 23 ans de cet enfant auront été plus profitables à la Bretagne que les 70 ans de tant de gens chenus traînant ici-bas une vie longue et inutile ».

Dans l'avenir, Abgrall, mort jeune, ne vieillira jamais. C'est de lui que la Jeunesse s'entretiendra lorsqu'elle voudra chercher dans notre Histoire des figures représentatives de son âge. Il sera le Benjamin de notre Panthéon National.