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leur triste récolte. L’argent que la charité leur jette ne s’arrête pas dans leurs mains ; il va droit au cabaret et aux plus immondes débauches. Les mendiants sont presque tous prodigues, et comment ne le seraient-ils pas ? L’homme s’attache aux biens en proportion du travail qu’ils lui ont coûté. Ceux qui ont obtenu de l’argent sans rien faire, ceux qui comptent s’en procurer toujours au même prix, ne sont portés ni par goût ni par raison à l’épargne. Pourquoi se priveraient-ils de quelque chose, puisqu’ils ont une mine inépuisable à exploiter ? Dans quel but amasseraient-ils un instrument de travail, quand ils sont résolus à ne jamais produire, quand ils savent la société toujours prète à travailler pour eux ?

Ces parasites se marient, se multiplient et font souche de parasites. Leurs enfants sont portés tout naturellement à imiter le père et la mère ; on ne leur enseigne pas la noblesse du travail, ils naissent tout acclimatés à la honte. Triste et funeste engeance, qui absorbe dans certains pays plus d’un dixième de la production, sans rien rendre !

Est-ce la mendicité qui crée l’aumône, ou l’aumône qui provoque la mendicité ? L’un et l’autre. Nous sommes dans un cercle vicieux. J’ai habité successivement la province de France où l’on donne