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empêcheront pas de mourir de faim ; cent mille tonnes de vin de Bordeaux n’aideront pas le vigneron à parcourir la distance qui sépare Bordeaux de Paris ; mais quelques litres de ce bon vin, échangés contre un billet de chemin de fer, le transporteront sans fatigue en une journée.

Un maçon peut se construire une maison, un cultivateur peut se procurer par lui-même du blé, du vin, du tabac, du houblon, de la viande, suivant le sol qu’il exploite et le climat qu’il habite ; un voiturier peut se transporter rapidement d’un point à un autre ; un tailleur peut se confectionner des habits. Mais pour que le même homme ait à la fois le logement, le vivre, l’habillement, les moyens de transport et toutes les choses nécessaires à la vie, il faut qu’il échange incessamment ses produits contre ceux des autres hommes.

Le travailleur qui dit avec un légitime orgueil : « Je me suffis à moi-même », qu’entend-il par ces mots ? Prétend-il avoir créé lui-même tous les produits dont il fait usage ? Non, mais il se vante à bon droit de produire assez de biens échangeables pour procurer la satisfaction de tous ses besoins.

Il se pourrait, à la rigueur, qu’un individu isolé pourvût tant bien que mal, pendant un certain