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prenait l’habit en disant : C’est ma laine ! ou si l’ouvrier tailleur tirait à lui en disant : C’est ma couture ! tous les autres crieraient unanimement au voleur ! Pour que chacun de ceux qui ont collaboré à l’habit ait le droit d’en mettre un pareil sur ses épaules, il doit produire par lui-même une somme de biens utiles équivalente à 125 francs. C’est ainsi que les choses se passent dans l’univers entier, sauf que l’immense majorité des travailleurs se contente d’un vêtement moins cher et plus commode que l’habit noir d’Alfred ou d’Humann. Aucun de ceux qui produisent ici-bas n’est assez fou pour croire qu’en créant la partie il acquiert des droits sur le tout. Cette idée n’a pu venir qu’à des pêcheurs en eau trouble, intéressés personnellement à brouiller toute notion du vrai.

Les pauvres gens de bien qui taillent le diamant dans une mansarde ont quelquefois plus de milliers de francs sur leur établi que de pièces de cent sous dans leur armoire. Cependant on serait mal reçu si l’on allait leur dire : « Ces beaux cailloux auxquels vous donnez tant d’éclat sont à vous.

— Non, vous répondraient-ils ; ce qui nous appartient en toute propriété c’est la taille, le poli que nous avons ajouté à la pierre brute. Lorsqu’on nous a confié ces diamants, ils contenaient