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travail utile, n’importe lequel, qui est toujours laissé à notre choix.

Vous ne vous êtes peut-être pas demandé par quelle combinaison un ouvrier serrurier, par exemple, fabrique son pain, son vin, sa viande, ses habits, son logement, l’éducation de ses enfants et tous les biens utiles à coups de lime et de marteau.

Il n’a pas hérité d’un centiare de terre ; il ne sait ni labourer, ni moissonner, ni moudre, ni pétrir ; et pourtant il se nourrit de pain. Il n’a vendangé de sa vie, et il répare ses forces en buvant un verre de vin. Il n’a jamais élevé une tête de bétail, et il mange de la viande, et il se chausse de cuir. Il ne sait ni filer, ni tisser, ni coudre, et il a du linge et des habits. Deux forts chevaux, qu’il n’a pas nourris, le mènent à l’atelier, s’il est loin, et le ramènent. Il n’a jamais songé à se bâtir une maison, et il est logé, bien ou mal. Ses bras sont les seules armes qu’il ait à son service, et il vit en pleine sécurité : il ne craint ni les malfaiteurs de son pays, ni les armées européennes, dont l’effectif se monte à deux ou trois millions d’hommes. Il a des juges à lui, une police à lui, une armée toujours prête à combattre pour lui.

Qu’a-t-il fait aujourd’hui, de huit heures du ma-