Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/183

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gnées par le plus grand génie de la nation, fallait-il s’étonner que le roi crût bien faire en serrant le réseau des douanes autour de nous ?

Notez que le système protecteur, qu’on croyait sage, était pour le gouvernement une source de revenus. En faisant une bonne action, le roi faisait une excellente affaire. C’était double plaisir. Plus il protégeait sévèrement l’industrie nationale, plus il grossissait le budget. Et l’impôt des douanes était une de ces contributions indirectes que les économistes du temps préféraient à toutes les autres, parce que le consommateur les paye pour ainsi dire à son insu.

Considérons aussi qu’en ce temps-là la solidarité du genre humain n’existait qu’à l’état de rêve dans le cerveau de quelques fous. Il y avait un égoïsme national, qui s’exprimait en politique par la peur d’être conquis (équilibre européen) et en économie par la peur d’être ruiné au profit des nations étrangères. La sagesse consistait à faire entrer chez nous l’argent des autres et à fermer la porte aux marchandises du dehors qui venaient débaucher notre argent. C’était jouer un tour à l’étranger que d’obliger les citoyens français à payer dix écus ce qui en valait cinq hors frontière. Par ce moyen, le pouvoir était sûr que tout le monde se rabattrait sur les produits nationaux, et que si un Anglomane