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village, c’est le passé ; la ville, c’est l’avenir. Il lut un temps où Paris et Mar seille vivaient petitement, comme tel hameau de Bretagne ou d’Alsace ; un temps viendra où l’habitant des hameaux aura les mêmes besoins et les mêmes ressources que le Parisien d’aujourd’hui. La monnaie d’or sera aussi indispensable aux villageois du vingtième siècle, qu’elle était inutile aux bourgeois du dixième.

Dès aujourd’hui vous pouvez remarquer que l’usage de l’or s’étend à vue d’œil. Il n’y a pas un siècle que le plus noble des métaux était à peine connu des classes laborieuses. La cour, la finance et quelquefois le haut commerce le maniaient familièrement ; les marquis de comédie disaient à leurs valets : Frontin, mettez de l’or dans mes poches ! Mais le commun des martyrs n’y touchait qu’avec une terreur superstitieuse et ne le recevait guère que pour le cacher. Cette manie s’est perpétuée jusqu’à nos jours ; les hommes de mon âge se rappellent le temps où les marchands craignaient de payer une traite en monnaie d’or. Leur crédit en aurait souffert ; on eût dit dans le voisinage : Un tel est arrivé au fond du sac ; il crache sa bile. Tant il était admis que l’or n’est pas fait pour circuler, mais pour dormir au fond des tiroirs. Les voyageurs anglais, qui payaient tout en or, faisaient