Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/279

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« Je suis un outil vivant ; celui qui se sert de moi doit avant tout m’entretenir, me réparer, me tenir net et luisant. » Il est formellement impossible de fonder un accord sur cette base, car les besoins de l’homme sont illimités ; l’un succède à l’autre.

Il fut un temps où les ambitieux exploitaient le mécontentement des prolétaires. On les poussait aux révolutions ; on leur disait : donnez-nous le pouvoir et nous vous donnerons l’aisance.

Mais le gouvernement le plus fort, le plus despotique, ne pourrait modifier en rien les rapports du travail et du capital. Que les prolétaires soient en majorité dans un pays, qu’ils usent du suffrage universel pour mettre un prolétaire sur le trône, qu’ils aient un corps législatif, une administration et des tribunaux exclusivement prolétaires, ils n’arriveront pas à changer la répartition des richesses ni même à obtenir cinq centimes d’augmentation sur les salaires quotidiens. Car le droit de propriété est placé sur une hauteur inaccessible à tous les décrets politiques ; la loi même ne peut y toucher, sous peine de n’être plus la loi. Si la majorité des citoyens votait la spoliation d’un seul, elle ne commettrait qu’un brigandage solennel. L’État peut-il du moins s’interposer entre les prolétaires et les capitalistes pour prêter aux uns l’argent des autres ? Pas davantage. Si le capitaliste connaît as-